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La dîme en question…

Je suis étonné d’entendre, dans certaines communautés (dans plus en plus de communautés, d’ailleurs, et c’est ce qui m’a motivé à écrire cet article), des appels aux dons (en monnaie non trébuchante ni sonnante si possible – le billet étant moins sonore) en introduisant, notamment, le moment de la collecte par des textes qui rappellent la « loi » de la dîme.

La dîme en question

Notez que j’utilise le mot « collecte » et non « offrande », même si les deux devraient se confondre, mais pour moi, la collecte en passant dans les rangées – et en forçant un peu la main (cette main droite qui cache à la main gauche ce qu’elle donne – cf. Matthieu 6.3 – ce qui me fait dire avec un peu d’ironie, pour ces communautés où l’argent est devenu un nouveau dieu à assouvir pendant le culte, que cela pourrait permettre à ces communautés de repasser une seconde fois la collecte en demandant cette fois que ce soit l’autre main qui donne ), cette collecte s’éloigne de la notion d’offrande, qui par définition est « volontaire ». Où est le don volontaire quand il est imposé dans une forme de pression: « Si tu ne donnes pas, les autres à côté le verront! Et si tu ne donnes que de la monnaie, ils l’entendront! »… Donc oui, vous l’avez compris, je suis pour un système d’offrande avec un tronc disposé dans la salle. Une remarque à ce niveau: Quand nous sommes passés du système de collecte dans les bancs, dans la première communauté où j’étais pasteur, à un système d’offrande avec une boite au fond du temple, le montant des offrandes n’a pas beaucoup changé.

Je ne fais pas de procès d’intention. Il n’est sans doute pas question, dans le chef des responsables de la plupart de ces communautés, de manipuler les gens en les culpabilisant s’ils ne « donnent pas assez », mais cela reste problématique. Ceci dit, si vous êtes dans une communauté où les responsables veulent savoir combien vous gagnez, combien vous donnez, vous demandent clairement de donner tel montant, je n’ai qu’un conseil: Fuyez!

Mais j’ose croire que ce n’est pas la réalité la plus courante. Je comprends plutôt que le trésorier de la communauté voit bien l’effet de la crise sur le montant de l’argent récolté chaque dimanche, mais il voit aussi toutes les factures liées aux bâtiments et ministères s’amonceler. Et les vases ne communiquent sans doute pas assez pour répondre aux objectifs financiers, l’équilibre ne semble pas se faire. Il faut donc stimuler les donateurs, se dit-il. Et quoi de plus simple quand des textes sont déjà proposés dans la Bible pour le faire?

Un des textes les plus prisés pour cet exercice étant Malachie 3.10 (LSG): « Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, Afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison; Mettez-moi de la sorte à l’épreuve, Dit l’Éternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, Si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. »

Mais essayez de trouver des textes dans le Nouveau Testament qui imposent aux chrétiens la dîme. Vous n’en trouverez pas (vous n’en trouverez que dans un contexte lié à l’ancienne alliance). Vous trouverez par contre des textes qui,

  •  d’une part, signalent que les lois de l’Ancien Testament sont abrogées:

Hébreux 7.18–19 (LSG) : 18 Il y a ainsi abolition d’une ordonnance antérieure, à cause de son impuissance et de son inutilité, — 19 car la loi n’a rien amené à la perfection, — et introduction d’une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu.

  • et d’autre part, des textes qui poussent à une vraie liberté (libéralité) dans le don, tout en rappelant qu’en fait, nous appartenons déjà tout entier (y compris avec ce que nous possédons) à Dieu.

1 Corinthiens 16.1–2 (LSG) : 1 Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints, agissez, vous aussi, comme je l’ai ordonné aux Églises de la Galatie. 2 Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à part chez lui ce qu’il pourra, selon sa prospérité, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour recueillir les dons.

Et encore: ce texte relève d’une collecte particulière pour les chrétiens de Jérusalem qui souffraient de la famine. Ceci dit, on y retrouve des éléments comme « ce qu’il pourra« , « selon sa prospérité« , ce qui ne cadre vraiment plus avec un pourcentage fixe (la dîme).

Idem en 2 Corinthiens 8 et 9, avec le même contexte d’offrande pour les chrétiens qui subissent la famine à Jérusalem.

Cette notion de liberté, chère au Nouveau Testament, où plutôt à la grâce reçue en Christ, c’est aussi une libération d’un esclavage d’une dîme qui prend la place de l’offrande volontaire. C’est aussi un poids qui s’enlève pour les chrétiens moins aisés, pour qui enlever 10% des revenus serait vraiment problématique, ou pour les chrétiens dont le conjoint n’est pas croyant et donc pour qui mettre x% du budget familial mettrait à mal les relations au sein du couple, etc.

Donc, oui, il faut viser la liberté. Mais cela n’empêche pas les responsables de nos communautés de nous rappeler de temps en temps les besoins, parce que rien n’est gratuit en ce bas monde… Mais alors, en laissant au Saint-Esprit le soin de parler aux cœurs de chacun. Car quand l’homme veut remplacer l’Esprit Saint pour convaincre, il tombe souvent dans la sphère de la manipulation et de la culpabilisation. L’on sort alors du cadre de la grâce offerte en Christ.

Visons donc la liberté, mais la liberté responsable, sous l’action de l’Esprit dans nos cœurs.

A méditer…