Archives de catégorie : Mes petites réflexions perso

Couvrez ce saint que je ne saurais voir!

Je ne suis pas historien, je ne suis pas sociologue, mais je me demande…

Je me demande… si on n’est pas constamment en mode balancier à travers les siècles d’histoire dont nous écrivons aujourd’hui d’autres pages. Mais sont-elles si différentes ?

Rien qu’en regardant notre petit (sic!) Occident, il était un temps où les chrétiens régnaient en maitres (quasi) absolus. Et : Au bucher, tous ceux qui croyaient différemment (ou qui ne croyaient pas, ou qui avaient telle orientation sexuelle, etc.)!

Il était donc un temps où être croyant, c’était le must, et avoir certaines croyances, non-croyances, divergences, orientations… c’était : « Vivez cachés pour vivre votre identité (ou plutôt pour vivre tout court)!« . Et surtout : « Honte à vous ! »

Aujourd’hui, le balancier atteint un autre extrême : Ce serait plutôt aux religieux de vivre leur foi, leur identité, de façon cachée, de façon privée.

Le siècle des Lumières et la raison ont essayé de balayer l’obscurantisme religieux. Cela a permis, Dieu merci (vraiment!), au monde religieux d’évoluer et de quitter enfin les pratiques moyenâgeuses dont on ne veut plus trop parler aujourd’hui dans les églises (inquisition, bûchers,etc.). Bon, on retrouve encore trop de résurgences par-ci, par-là, mais en gros, on a relativement bien évolué. Si, si !

Aujourd’hui, c’est un must, si on s’affiche homo et/ou laïc et/ou athée et évidemment ouvert, tolérant, intelligent, non dogmatique, etc.

C’était une erreur que les religieux d’une certaine époque chassent ceux et celles qui ne pensent pas comme eux et les terrent hors de leur (sic!) monde en pointant un doigt accusateur et indicateur de honte…

Effet de balancier ? Certains voudraient que nous soyons honteux d’être chrétiens, de croire l’incroyable, ce qui ne semble pas « raisonnable » (peut-on prouver Dieu, le miracle, la résurrection,… ?).

Je ne veux pas cacher ma foi, cette foi qui n’explique pas tout, cette foi toujours en recherche, certes, mais cette foi en Celui qui est Vérité, Chemin et Vie. Oui, je suis fier d’être chrétien.

Mais… cette fierté personnelle n’est pas un « non » à la personnalité de ceux et celles qui m’entourent. Que chacun(e) puisse être fier(e) de sa propre identité, de sa propre recherche spirituelle, philosophique, etc., sans devoir la cacher, je crois que cela relève du droit fondamental de chaque être humain.

Mon identité évolue, j’imagine que c’est le cas pour les autres humains autour de moi. S’afficher non dogmatique ou neutre, c’est à mon sens un leurre. Nous bâtissons tous notre identité sur une base (des fondations, des racines, des théories, des dogmes,… peu importe les mots !) qui font ce que nous sommes. Je crois donc que, quelque part, nous sommes tous dogmatiques. La base change parfois, mais on se raccroche très vite, dès lors, à une autre base, et l’identité nouvelle, ou renouvelée, …, se construit elle aussi.

Être dogmatique pour soi-même, avoir une base solide à sa foi (ou à sa non-foi), à sa personnalité ne me semble être pas un problème. Le problème, à mon sens, c’est quand j’impose mon dogme à l’autre. Effet balancier de l’histoire : Est-ce que ceux qui combattent le dogmatisme historique de la religion ne le font pas au nom d’un dogme qu’ils souhaitent à leur tour imposer? N’est-il pas dangereux de nous diriger vers une pensée unique qui se leurre en se croyant adogmatique?

Nous sommes tous des êtres complexes (enfin, il me semble). Je ne crois pas que je suis sur cette terre pour faire la guerre à mes pairs qui sont parfois si différents dans leur identité que moi ! (A moins que ce soit moi qui sois si différent?)

L’expression à la mode actuellement, à l’heure où j’écris ces lignes en Belgique, c’est « le vivre ensemble« . Si vous avez un discours à produire, sortez au moins cette expression trois fois. Ça le fait !… Mais les pensées derrière ces mots sont pourtant souvent si opposées à cette belle expression : Il s’agit ni plus ni moins de délimiter ce qu’est un espace où l’on vit vraiment ensemble, entendons (souvent) la sphère publique, et d’interdire dans cet espace tout ce qui est religieux. Pour ceux qui me lisent d’ailleurs, et pour qu’ils comprennent mon propos: En Belgique, pour le moment, certains laïques dogmatiquement adogmatiques (trouvez l’erreur) et surtout dogmatiquement anti-religieux visent un retrait de tout ce qui est religieux de la sphère publique.

C’est un déni de mon identité chrétienne. Une amie homosexuelle pourra s’afficher lesbienne, et tant mieux pour elle (et tant mieux pour moi aussi! J’aime rencontrer des personnes vraies! Sans masque – ni masque de honte, ni masque du « politiquement correct », ni aucun autre masque) – il est grand temps de supprimer les hontes, les hypocrisies. Mais un religieux, pourra-t-il s’afficher religieux ? « Par pitié, couvrez-moi ce saint que je ne saurais voir ! »

Ah, le balancier de l’histoire, où le meurtri d’avant devient l’émondeur du jour !

Serait-ce à celui qui ramasse le premier la pierre pour écraser l’autre, et sinon le réduire à néant, le réduire au silence, le réduire à la zone de la honte : « Faites ça chez vous, on ne veut ni voir, ni entendre… »

Je refuse la honte. Je refuse qu’un autre puisse la subir, je refuse de la subir moi-même. Pour tout dire, je n’accepte la honte, personnellement, que quand elle est mienne, je n’accepte que celle qui me fait regretter un mauvais choix, une mauvaise action, etc., que celle qui me fait progresser, que celle qui construit mon identité. Je l’accepte pour me construire, mais reconstruction se fait alors dans la présence Celui qui fait la différence dans ma vie et qui seul peut m’enlever cette honte coupable et me faire vivre libre à nouveau… Je refuse par contre la honte qui veut cacher mon identité. Je refuse la honte que l’on veut m’imposer.

Bref! Et si nous laissions les pierres par terre, plutôt que se demander qui les ramassera en premier ? Et si nous apprenions à mieux communiquer d’abord pour découvrir l’autre derrière une identité dont rien que prononcer le nom fait déjà peur et s’enfermer derrière nos plus grosses barricades ? L’on verrait sans doute que les fondamentaux de nos recherches profondes ne sont pas si différents, en fin de compte (la recherche d’amour, de bonheur, etc.). Mais oserons-nous cette démarche, ce rapprochement ?

Juste une petite réflexion perso…

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Allons-nous revivre le quotidien des huguenots qui devaient se cacher pour lire la Bible (ce que certains chrétiens dans le monde vivent encore aujourd’hui)?

Un chemin de foi…

Pour communiquer entre nous, pour nous faire comprendre, nous utilisons très souvent des expressions très imagées. On a recours aux analogies, aux métaphores. Le texte biblique y recourt aussi énormément. L’avantage, c’est que chacun peut comprendre: C’est imagé, illustré. Le désavantage, c’est que chacun peut le comprendre à sa façon. Mais est-ce un désavantage?

L’analogie de la vie par la foi et d’un chemin à emprunter est ce qui anime ma réflexion ces derniers temps. Je vous partage quelques bribes de ces réflexions non abouties. Il n’est donc pas question pour moi de poser ici une thèse infaillible, mais bien de partager tout haut mes pensées du moment. Entre amis, comme si nous étions en partage assis dans un fauteuil au coin d’un feu, un bon verre de Porto à la main, et quelques chocolats noirs à déguster… Bien installé(e)? Voici mon propos:

La Bible parle énormément de la vie par la foi comme d’un chemin. On dit d’ailleurs « marcher par la foi ». C’est une métaphore. Je pourrais rester assis physiquement à la même place et néanmoins marcher par la foi. Les pas que j’accomplis dans ma vie spirituelle se font d’ailleurs le plus souvent assis: Quand je médite la Bible, quand je prie. [Petite note perso pour mon ami qui avance assis – cf. son blog à découvrir ici – Tu avances peut-être assis, mais j’ai l’impression que tu marches plus vite que moi!]

La Bible utilise des métaphores, mais pas uniquement. Il y a aussi tellement de récits de vie. Abraham, Moïse, David, Jésus, et j’en ai passé tellement… Tous ces récits de vie, tous ces témoignages réels ont pourtant bel et bien un sens pour ma propre vie. Et pourtant, je ne vis pas à leur époque, je ne parcours pas les mêmes lieux, je ne rencontre pas les mêmes personnes… Et aucun d’eux n’avaient Internet (les pauvres! Comment ont-ils pu vivre sans?)

Tous ces récits de vie sont pourtant porteur de sens, ils m’animent spirituellement, ils deviennent un chemin pour ma propre vie. Ces récits réels deviennent eux-mêmes une analogie pour ma propre vie par la foi. Cela n’enlève pas l’historicité des récits, je le répète.

Ce qui m’interpelle alors, c’est de voir les différentes lectures que l’on peut faire de ces récits de vie. C’est vrai d’une confession à une autre, mais c’est vrai aussi au sein d’une même confession. Il suffirait de demander à plusieurs prédicateurs de prêcher sur un même récit, sans qu’ils se contactent pendant leurs propres recherches, temps de méditation, temps de rédaction de la prédication… et on aurait sans doute autant de lectures différentes du récit que de prédicateurs. En gros, ils seraient tous d’accord (j’espère), mais dans les détails, dans les accents mis sur telle partie du récit ou tel thème abordé, dans l’application personnelle, etc., il y aurait des différences.

Je connais une église qui a comme leitmotiv « nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais Christ crucifié et ressuscité ». Superbe leitmotiv. Rien à redire. Dans les faits, je crois quand même que chaque prédicateur prêche avec sa propre vision des choses, avec sa propre expérience de vie (ses combats, ses victoires, ses échecs…), et si la visée reste de prêcher Christ, il n’en demeure pas moins vrai que la prédication passant par le canal de notre propre existence unique en son genre, nous finissons par nous prêcher quand même un peu nous-mêmes aussi. Et je ne crois pas que ce soit un mal. C’est plutôt très positif, à mon sens.

Chaque évangéliste a voulu prêcher Christ, et pourtant, nous n’avons pas quatre fois le même évangile. Nous avons quatre évangiles où Christ est indéniablement au centre, mais quatre évangiles vivant aussi au rythme cardiaque, sentimental, etc. de chacun de ses auteurs. Et quelle richesse! Le même Christ, mais pas la même approche pour le faire connaitre. Eux-mêmes ne l’ont pas connu de la même manière…

Dans un monde où certains aimeraient qu’on soit tous coulés dans un même moule, en ayant une vérité absolue, une pensée unique… peu importe comment on l’appelle, cette conformité absolue, il est bon de réaliser qu’avec la Bible chaque chemin est différent, que chacun a une expérience de vie différente parce que personnelle et singulière, que chacun a une expression de sa propre foi qui est différente parce que personnelle et singulière…

Alors, non! Je ne suis pas en train de prêcher le relativisme: Je crois en un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre (cf. ma profession de foi). Mais je crois aussi que chacun de nos chemins est différent, que nous avons une façon de marcher (= une expression de foi) qui peut être différente, que nous avons une lecture de la Bible qui peut être accentuée par ce chemin différent que j’emprunte, lui-même parcouru par ma façon bien à moi de marcher… et donc cette carte (la Bible – encore une analogie!) qui me conduit à Dieu reste la même carte pour chacun de nous, mais chacun y recherche les indices qui seront porteurs pour sa propre marche sur son propre chemin (son propre vécu).

(…)

Nous revoilà… au coin du feu, mon ami(e)… Le verre de Porto est vide, le chocolat n’a laissé que quelques miettes témoins de son passage – il était excellent comme toujours… Je te convie à une autre rencontre dans un prochain article pour aller plus en avant sur ce chemin (!) de réflexions… Bref, je te dis: « A bientôt! »

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C’est l’histoire de Jésus qui arrive à Bruxelles…

JesusABruxellesVoilà que Jésus, oui vous avez bien lu, je parle bien de « notre » Jésus (pas d’un quidam qui porterait le même prénom)… Voilà donc que Jésus se retrouve parmi les réfugiés qui eux mêmes se retrouvent à Bruxelles.

Moi, je dis ça, je dis rien (mauvaise expression, puisqu’on dit de toute façon quelque chose après l’avoir prononcée!), mais c’est Jésus lui-même qui m’a dit qu’il fait partie du groupe.

Ok, je lis:

« 31 Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. 32  Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs; 33  et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. 34  Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite: Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. 35  Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli; 36  j’étais nu, et vous m’avez vêtu; j’étais malade, et vous m’avez rendu visite; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi. 37  Les justes lui répondront: Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger; ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire? 38  Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli; ou nu, et t’avons-nous vêtu? 39  Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi? 40  Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. 41  Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche: Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. 42  Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire; 43  j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas rendu visite. 44  Ils répondront aussi: Seigneur, quand t’avons-nous vu ayant faim, ou ayant soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas assisté? 45  Et il leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites. 46  Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle. » (Mt.25.31-46)

C’est quand même rare d’entendre Jésus dire à quelqu’un qu’il est maudit (Mt.25.41). Paroles dures. Qui est (sera) maudit, au fait?

Ah, oui! Ceux qui auront fermé leur cœur à l’étranger, à celui qui est dans le besoin, etc.

-Tu veux dire « même ceux qui se disent chrétiens »? Non! pas possible!

-Bin, quand j’entends la réflexion de certains « chrétiens » vis-à-vis des étrangers, on peut se poser la question sur le titre qu’ils portent, non? Moi, j’ai pas envie de risquer d’entendre le mot « maudit » qui m’est destiné en tout cas…

Et désolé, mais je n’ai trouvé aucune version de ce texte dans laquelle Jésus ajouterait: « Bon, maintenant, mes amis, si vous avez des doutes, que vous pensez que l’étranger n’est pas très net (il a l’air fatigué, mais on peut croire qu’il simule), que vous remarquez que celui qui est nu a quand même un smartphone, etc., dans ces cas-là, ignorez-les, évidemment!« … Non, pas trouvé de version qui reprend ça…

Alors, oui, à mon sens, on doit laisser nos politiques gérer au mieux la situation actuelle – ils sont sans doute les plus compétents pour le faire, ayant le dossier et les informations que nous n’avons pas entre les mains.

Mais non, notre rôle n’est certainement pas de suivre le premier chien avec un chapeau qui parle (pour les amis qui ne savent pas, c’est une expression de chez nous, Jean de La Fontaine est sans doute passé dans le coin) et qui veut faire peur à tout le monde avec des soi-disant terroristes, des soi-disant porteurs de maladies, des soi-disant… J’espère juste qu’ils n’auront pas en face d’eux des soi-disant « chrétiens ».

Comme du chocolat…

Pris sur le faitJ’avoue, je suis un choc-addict. Le chocolat noir est devenu une drogue (dure donc!), mais comme il paraît que ça déstresse, j’en mange pour raisons médicales. C’est pour ma santé, vous comprenez?

Or, voilà que j’ai entendu, lors d’une émission télévisée, que le plaisir que l’on avait en mangeant du chocolat, cela n’avait vraiment lieu que pour le premier morceau. Du moins au niveau de l’intensité du plaisir. Premier morceau = moment le plus intense.

Suite à cela, cela fait plusieurs jours que j’ai voulu tenter l’expérience – donc ici, je mange à fin (faim?) expérimentale. Et voici le résultat du test: Hé bien non! Il n’y a aucun changement perceptible. C’est toujours un vrai plaisir 1.

Avec la méditation de la Bible, c’est exactement la même chose. Ce n’est pas le premier verset du matin qui sera le moment de méditation le plus intense. Dès que l’on se remet à méditer (à midi, ou au soir), le plaisir est toujours bien réel.

Je comprends alors que le psalmiste pouvait s’écrier:

« Heureux l’homme qui… trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel, Et qui la médite jour et nuit! » (Ps.1.1-2) -Oui, quel bonheur, les amis!

Et moi, je me dis, vivement le prochain temps de méditation de la journée! (Avec un morceau de chocolat noir?)

 

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1 100% des Belges ayant participé à ce test l’affirment! Remarque: Ça me fait toujours rire quand j’entends ce genre de pourcentage dans une pub – si ça tombe, ils étaient deux à tester le truc, quoi! Ou trois avec le caméraman!

Peut-on perdre son salut?

go001Houlà! Dans quoi est-ce que je m’engage avec cet article qui a fait couler tellement d’encre et qui a divisé tellement !?!

Alors, d’entrée de jeu, je le dis tout net: Pour moi, c’est une mauvaise question, à défaut d’être, dès le départ, une question piège.

J’ai la nette impression que Dieu balise dans les deux sens: et dans la direction du « oui, on peut perdre son salut » (je préfère le dire autrement, j’y reviendrai); et dans la direction du « non, évidemment, on ne peut pas le perdre ».

Je ne vais pas reprendre toute l’argumentation et tous les textes qui sont utilisés par les deux tendances.

Je crois que Dieu aime nous mettre en tension entre ce que les théologiens appelaient, il y a quelques années, le « déjà » et le « pas encore ». Nous connaissons tous (!) ces textes qui nous disent que nous sommes « déjà » en Christ, sauvés, lavés, que nos noms sont inscrits dans les Cieux, etc. Nous connaissons aussi tous (!) ces textes qui font appel au « pas encore », où il est question de travailler à son salut, d’achever la course, etc.

Je crois que cette question se situe dans ce cadre-là: L’œuvre du Saint-Esprit change immédiatement notre identité à la conversion. Nous devenons fils/filles de Dieu. Mais l’œuvre de l’Esprit se poursuit toute la vie. C’est comme si nous apprenions véritablement à être au quotidien ce que nous sommes déjà, à porter le fruit de l’Esprit plutôt que le nôtre, etc.

La question de « perdre son salut » est à mon sens une mauvaise question, parce qu’elle dirige dans une direction qui ne me semble pas juste. C’est comme si devant deux routes, on posait la question de savoir si on en prend une troisième qui n’existe pas. La question qui me semble plus importante, au lieu de celle-là est plutôt quelque chose comme: Est-ce que je continue à vivre ma nouvelle identité en Christ?

Je ne considère pas, dès lors, le salut comme un point sur une ligne du temps (le moment de ma conversion, de mon « oui » à Dieu, au sacrifice du Christ, etc.), mais une ligne du temps à partir d’un point précis (qui débute au moment de ma conversion): Je suis déjà sauvé, mais ce salut se renouvelle chaque instant (comme le besoin de conversion – d’où l’institution de la Cène par Jésus, pour revenir au sacrifice régulièrement). Il y a un déjà, mais aussi un pas encore « accompli, achevé… »

La grande question qui reste: Y a-t-il eu véritablement point de départ (une conversion – œuvre de l’Esprit Saint) au départ de cette nouvelle ligne du temps, ou est-ce que ce n’était qu’une adhésion « intellectuelle » ou « sentimentale » ou…, donc tout humaine? A mon sens, c’est là que l’on doit chercher quand il s’agit d’expliquer pourquoi certaines personnes hyper-engagées dans l’église ne sont plus « nulle part » (mais qu’en sais-je après tout?) au niveau de la foi.

Pour illustrer notre difficulté à comprendre pourquoi certains hyper-engagés semblent quitter la foi: Si Jésus dira un jour: « Je ne vous ai jamais connu » (Mt.7.21ss) , le jamais me dit qu’ils ne se sont jamais vraiment convertis (Jésus ne les a jamais rencontrés!), et nous, comme les ouvriers de la parabole, nous avons interdiction d’arracher, ce n’est évidemment pas notre rôle (et heureusement!)… mais cela nous permet de comprendre pourquoi l’ivraie semblable au blé, quand elle est en communauté de blé, peut retourner vivre avec ceux qui ont effectivement la même identité qu’elle…

Ce n’est évidemment que mon petit point de vue, merci de ne pas me lapider trop vite! (Sujet sensible oblige).

Pasteur, homme à tout faire?

bible-en-main Je parle du ministère pastoral dans cet article, mais la réflexion pourrait être étendue à tout ministère…

Je crois que nous avons une vision tronquée, parfois, de ce que devrait être le ministère pastoral… Et déjà là, il faudrait s’arrêter et se demander: « Quel ministère ou quels ministères met-on derrière ce que l’on appelle le ministère pastoral? »

Quand je discute avec des amis responsables d’église, tous sont d’accord pour dire que le pasteur ne doit pas être l’homme orchestre. Il ne doit pas tout faire. Ok. Mais il est quand même souvent l’homme chef d’orchestre. Il ne fait pas tout, mais il est dans tout – et si pas « dans » tout, il contrôle tout… (Bénies soient les églises qui ont compris qu’il ne fallait pas qu’il en soit ainsi).

« Il n’est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables » disaient les apôtres (Act.6.2). Grande sagesse.

Je crois que cette sagesse, cette ligne de conduite (principe?) peut être adaptée à tous les ministères dans l’église: « Il n’est pas sage que tu te disperses dans ce qui va te prendre du temps et qui n’a rien à voir avec ton ministère« . Oh! Ce n’est pas une règle de Mèdes et de Perses! Jésus s’est aussi mis à la cuisine quand il attendait ses disciples avec un BBQ/poissons sur la plage. On aurait peut-être préféré de lui qu’il nous laisse encore un petit enseignement de derrière les fagots (mais ceux-ci ont sans doute servi pour allumer le feu!). Juste pour dire que parfois, chacun doit se retrousser les manches pour des projets ponctuels qui nécessitent plus de bras…

Ceci étant dit, pouvoir s’attacher à son ministère, à son enseignement si l’on prêche ou enseigne, à la relation d’aide si l’on a un ministère pastoral (berger qui prend soin de), etc., c’est quand même ce que la Bible préconise.

Depuis que j’ai quitté mon ministère pastoral, je suis un homme heureux. Pas plus tard qu’hier, un ami (pasteur, le pauvre!… Non, je rigole!) me disait à juste titre: « toi, tu ne fais que ce que tu aimes en fait« . Et c’est vrai! Et combien ça devrait être vrai pour chacun des ministères dans l’église! On n’aurait que des gens heureux de faire et de ne faire que ce qu’ils aiment. Je dis que je suis heureux depuis que j’ai quitté le ministère pastoral, parce que j’ai abandonné les « coulisses de l’église« , entendez « la gestion administrative de l’église » (les réunions où l’on décide en quelle couleur on va repeindre les murs, et ce genre de chose). C’est évidemment important. C’est vital même. S’il n’y a personne dans les coulisses pour organiser, prévoir… on risque de se retrouver à célébrer Dieu dans un taudis dans quelques semaines.

Oui, c’est un réel privilège quand on peut s’attacher à son ministère, et ne s’attacher qu’à son ministère. Ce privilège, je le vis au niveau de l’église, et même des églises, puisque j’ai actuellement les pieds dans deux communautés (en étant rattaché officiellement à l’une des deux). Et justement! Etant détaché des coulisses, je suis plus libre pour exercer un ministère qui peut alors s’étendre au-delà d’une église locale… Même s’il est sage et nécessaire d’être aussi attaché à une église locale pour sa survie personnelle (puisque personne n’a tous les dons/ministères et donc a besoin des autres).

Il faut apprendre à dire « non » pour dire « oui » à son ministère. Dieu appelle, mais il n’appelle pas à tout faire. L’appel implique une mission précise, un ministère (parfois deux… mais au-delà, vous êtes sûr que c’est Dieu qui appelle?), une direction.

Dire « non » et garder son « non » est sans doute l’une des choses les plus difficiles à faire dans l’église: Beaucoup ne comprennent pas et reviennent à la charge en redemandant « tu es sûr que tu ne pourrais pas faire…« , harcèlement inconscient (heureux les inconscients!), culpabilisation (« moi, je le fais, et toi non?« , etc.)… Je le redis, il faut parfois faire une entorse au « non » pour répondre à une urgence. Mais l’urgence doit rester de l’ordre de l’accident. Il y va de la survie à long terme d’un ministère, et surtout d’un ministère bien fait, bien rempli.

Parfois, c’est comme si on devait choisir entre la culpabilisation et la frustration. Eh bien, non! C’est ni l’un, ni l’autre! Je dis « non » parce que je connais mes limites et les besoins de mon ministère (et que le temps n’est pas élastique, et que j’ai aussi besoin de repos, et que ma famille a aussi besoin de me voir, et…). Donc c’est un non catégorique à la culpabilisation. Et si les autres critiquent (ce que je ne crois quand même pas, mais au cas où): tant pis. Qu’ils en parlent à Celui qui m’a appelé et m’a confié un ministère précis (« pas d’ma faute après tout si j’ai pas été appelé à tout faire! »). Au niveau de la frustration: Si je dis non à la culpabilisation, ce qui me permet de dire non à ce qui n’est pas mon ministère (ou – j’élargis – à ce qui n’est pas ce que je suis capable de faire au niveau de mon ministère, j’y reviendrai dans le prochain paragraphe)… alors, d’office, je dis non à la frustration d’un ministère mal accompli. Puisque j’ai tout mon temps, toute mon énergie pour celui-ci.

Je reviens sur ma parenthèse: On pourrait aussi avoir une forme de harcèlement au niveau d’un ministère que l’on a effectivement. J’ai un ministère de prédication et d’enseignement. L’on pourrait me dire: « Ok! Tu vas prêcher toutes les semaines! » (Dans ma folie, c’est ce que je faisais quand j’étais pasteur d’une communauté, tout en étant dans les coulisses de celle-ci, tout en ayant un boulot à temps plein à côté pour nourrir la famille, tout en étant présent u niveau e la famille [Ah non! ça je n’ai pas pu, évidemment – c’est à l’âge de quinze ans que mes enfants ont découvert qu’ils avaient un père!… Non, je rigole, mais c’est un peu vrai quand même!] – ai-je prononcé le mot folie?). Prêcher toutes les semaines si je n’ai pas assez d’une semaine pour préparer mon message, dans le temps qui me reste après mes obligations auprès de mon employeur, de ma famille, etc., c’est de l’ordre du « aménage chez toi une petite pièce matelassée du sol au plafond!« . Non! Le ministère, c’est plutôt de l’ordre du « fais-le avec la force que tu as + JE serai avec toi« . Dieu fait évidemment la différence, mais mon corps me rappelle que je suis encore sur terre… Donc: Là aussi beaucoup de sagesse!

Il s’agit de découvrir ses limites (et on les découvre parfois quand on les dépasse), de se limiter à son ministère (même si on fait parfois un écart pour répondre à une urgence accidentelle), de refuser toute forme de manipulation/culpabilisation/harcèlement, etc., et surtout de prendre un vrai plaisir dans ce que l’on fait, parce qu’on le fait sans contrainte. Mais pour ça, il a fallu apprendre à dire « non« .

Heureux l’homme qui dit « non » à tout ce qui n’est pas dans le « oui » attendu par l’appel Dieu. (Béatitude bidon, mais il fallait que je trouve une chute à cet article)