Je relisais Jean 1.5, avec plusieurs traductions devant les yeux, et j’ai été surpris de trouver des différences assez étonnantes.
Notre texte habituel en version Segond 1910 – Jean 1.5 :
La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
Le dernier verbe est traduit de manières différentes dans mes différentes bibles. C’est la version King James (KJV) qui a mis le feu aux poudres dans mon petit cerveau : « the darkness comprehended it not » – « les ténèbres ne l’ont pas comprises« . Traduction que va d’ailleurs adopter la TOB aussi. Et ici, c’est vraiment le sens d’une compréhension intellectuelle dont il est question. La KJV donne même une note pour ce verbe qui renvoie à Eph.3.18 : « vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur… » –
Titillé par l’information, je vais jeter un oeil dans les autres traductions. Et là autres surprises. D’autres versions anglophones traduisent par: « and the darkness has not overcome it » (NIV, LEB) – donc avec une idée de « les ténèbres n’ont pas pris le dessus sur la lumière« . La version Semeur va dans le même sens avec « les ténèbres ne l’ont pas étouffée« .
C’est le verbe KATALAMBANÔ qui est utilisé. Il peut, en effet, adopter tous ces sens. Nous voici donc avec trois possibilités :
1. Recevoir.
2. Comprendre.
3. Prendre le dessus, étouffer.
Menons l’enquête. Que dit alors le contexte?
Je propose de passer les versets 6 à 8 qui forment comme une parenthèse visant Jean-Baptiste. Ce qui vient d’être déclaré au verset 5 va se poursuivre au verset 9 avec de nouvelles données : La lumière, en venant dans le monde éclaire tout homme.
Personnellement, j’aurais tendance à mettre se verbe-ci dans la balance en faveur de comprendre. En effet, le même verbe (PHÔTIZÔ) est utilisé en Eph.3.9 dans le sens de mettre en lumière un mystère, avec un contexte qui parle de richesses incompréhensibles.
On pourrait alors comprendre que le ministère de Jean-Baptiste (notre parenthèse des v.6-8) servait à rendre témoignage, c’est-à-dire expliquer, apporter des informations sur la lumière. Aider à comprendre donc.
Nous sommes encore poussés à choisir la traduction comprendre, pour le v.5, quand nous poursuivons notre lecture avec le v.10: « … et le monde ne l’a point connue » – Ici, nous sommes en présence du verbe GINÔSKÔ qui touche très clairement à la connaissance.
Mais voilà qu’arrivent les v.11 et 12, avec comme une répétition du v.5 d’où nous sommes partis, et où a aussi démarré notre interrogation. Et là, dans ces mots parallèles, nous avons: « Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu…«
Et ici, avec le verbe PARALAMBANÔ, c’est clairement l’accueil qui est visé.
Je vous livre mon petit avis: J’ai l’impression que les v.11-12 ont conduit au choix de « reçue » pour le v.5 par Segond 1910, par exemple. Logique: Le verbe des versets 11-12 est clair au niveau de la traduction, il est question d’accueillir, donc, si c’est un parallèle du v. 5, le verset 5 doit recevoir la même idée de l’accueil, et donc plusieurs ont traduit « les ténèbres ne l’ont pas reçue« . La traduction claire des v. 11-12 a guidé la traduction du v. 5.
Moi, j’aurais tendance à faire l’inverse, vu tout le contexte des versets 6 à 10 qui pousserait plutôt à traduire avec quelque chose du genre: la lumière est venue dans les ténèbres, mais les ténèbres n’ont pas compris…
Et donc, pour les versets 11 et 12, je lis ce texte parallèle avec cette même logique: Puisqu’ils n’ont pas compris, ils n’ont pas pu accueillir cette vérité qui était pourtant éblouissante de lumière. Peut-être trop éblouissante, justement, pour ceux qui s’étaient habitués aux ténèbres.
Ainsi, Jésus vient, il veut faire connaitre le Père, il est l’Image parfaite du Père. Mais il n’est pas compris. Quand je vois, déjà, les disciples qui ont suivi le Maître pendant des années, et leur inaptitude à saisir, à comprendre, je ne veux pas jeter la pierre aux autres contemporains de Jésus. Un certain Nicodème, grand théologien, nous démontre aussi, en venant questionner Jésus, que c’est loin d’être évident de le comprendre (Jn 3).
Une lumière parfaite vient illuminer des ténèbres obtuses (les habitudes rendent obtus!), ça ne peut que faire mal aux yeux, ça ne peut qu’avoir envie d’éteindre la lumière, la rejeter. Je crois que le problème vient du fait que les ténèbres étaient trop profondes, même chez les religieux. Et pourtant, il y avait un choix à faire: se laisser éblouir ou retourner dans des ténèbres habituelles, traditionnelles.
Alors, ce texte m’interroge: Et toi, vas-tu la saisir, cette lumière?
Surtout qu’il y a quelque chose de capital dans la suite du v.12 : « A tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom [avec ce verbe croire que je comprends donc comme : à ceux qui ont compris (cf. v.5), qui ont réalisé leur besoin de lumière], elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu« .
Vais-je me laisser éblouir?
— Prière —
Père,
Viens au secours de ma cécité spirituelle qui me garde plongé dans mes ténèbres, avec un goût prononcé pour les œuvres qui en découlent (Jn 3.19-21).
Fais de moi un enfant de lumière (Eph.5.8).
Qu’à mon tour, je puisse porter ton image, révéler le Père.
Aie pitié de moi.
Par ta grâce et pour ta gloire,
Amen.
Paroles d’un chant de Dan Luiten :
Ébloui devant Toi, Éternel
Ébahi par l’amour de ton ciel
Je suis là à tes pieds
Je viens t’adorer
Je désire habiter près de Toi
Une belle manière de commencer la journée. Le ton de la journée est donné…..elle sera dans Sa lumière. Continue à nous abreuver de tes partages nous ne nous en lassons pas